jeudi 17 décembre 2009

"J'ai glissé chef..."

Aujourd'hui, notre Mammouth porte de nouveau son regard sur la politique française.

Depuis quelques semaines, les partis politiques enchaînent les bourdes ! Le PS ne tient plus ses ouailles, le MoDem se bat pour un nom faute de pouvoir s'en faire un, et bien-sûr l'UMP qui depuis la mi-octobre passe par tous les nids de poule.

Affaire Jean Sarkozy, affaire Frédéric Mitterrand, tous les "off" des personnalités du parti jusqu'à Nicolas Sarkozy lui-même, l'UMP prend de gros de coups de tabac. Et si ces "buzz" médiatiques peuvent interloquer, voire lasser, d'autres peuvent faire rire.

Souvenez-vous, nous sommes à la fin novembre. Un amendement pour taxer les bonus des banques est voté, par une majorité de 26 voix (sur 577 sièges) à l'Assemblée Nationale. Ministre de l'Economie, Christine Lagarde est outrée : il y avait trop peu de députés UMP pour rejeter cet amendement de gauche, et surtout, l'élu UMP Jean-François Lamour a voté... contre son camp ! Il prétexte vite s'être trompé de touche : ambiance.

Surtout, étudiez Lamour : c'est un ancien champion d'escrime. Pouvez-vous l'imaginer bigleux dès lors ? Difficilement. Alors quand on sait qu'il vota pour lui, et pour un collège qui l'avait mandaté, et qu'il s'est trompé deux fois de suite... Lamour n'aurait tout de même pas voulu tromper sa nature ? Il se trouve que "Jeff" est de la mouvance chiraquienne de l'UMP, une mouvance qui rassemble aussi François Baroin, Dominique de Villepin... de grands amis de l'Elysée donc. Rassurez vous, le vote a été refait, Lamour a chaussé ses jolies lunettes rectangulaires, et ne s'est pas trompé de nouveau.

Comme tous bons députés du parti présidentiel majoritaire, ceux-ci sont muselés : il ne faut absolument pas donner l'impression d'une quelconque division, discorde à l'intérieur du parti. Pourtant, il suffit de voir le Président du groupe UMP à l'assemblée, Jean-François Copé, pour voir que ce dernier n'a que faire des injonctions élyséennes et qu'il a d'ores et déjà choisi sa voie : l'impertinence.

Le profond mépris qu'éprouve le pouvoir exécutif pour le législatif, notamment à cause des lenteurs inhérentes pour les votes (le calendrier des votes au Parlement est blindé jusqu'à mai prochain), n'incite pas à collaborer. Beaucoup de députés ou sénateurs UMP espéraient pouvoir troquer leur siège contre un portefeuille ministériel, mais le "Château" leur a préféré des personnalités de l'ouverture à gauche.

Synonyme d'ouverture, le Centre. Depuis 2007 et les 18 % de François Bayrou au premier tour de l'élection présidentielle, le Centre est de nouveau une force politique qui mobilise : les électeurs se refusant à voter Royal et n'osant pas favoriser Sarkozy y trouvent une alternative. Mais le Centre français a une tradition malsaine : celle de se courber devant le pouvoir, de préférence à droite. Une habitude que Bayrou a décidé d'abolir, en fondant son propre parti, le MOuvement DEMocrate. Le Centre à tendance droitière s'est rassemblé sous le titre de "Nouveau Centre" : ironie des noms, ce "NC" renoue avec les plus ancestrales tendances politiques qui sont de trahir leur électorat, en annonçant une véritable alternative, alors qu'il n'est qu'un réservoir de voix pour une alliance électorale. Affilié à la Rue la Boétie (siège de l'UMP à Paris), on ne peut donc pas parler de réelle opposition.

Chose étrange, des sénateurs Nouveau Centre ont voté contre une loi cruciale du Mandat Sarkozy : celle du redécoupage électoral. Pour faire simple et démagogique, il s'agit de redéfinir la carte électorale, c'est-à-dire la taille des cantons, régions, de façon à favoriser au maximum l'élection de l'UMP. Autre détail, si la loi arrive à passer avant le 31 décembre, elle sera applicable dès 2012, pour la prochaine présidentielle, notamment son principe le plus révoltant : celui du scrutin à un tour unique et de l'élection de députés à la proportionnelle. Pour faire simple et démagogique là encore, l'UMP est un parti sans réserve de voix, là où le PS peut faire une coalition de l'extrême gauche jusqu'au MoDem pour une même élection. A chaque scrutin, l'UMP est en tête, mais au second tour, il est en difficulté, faute de pouvoir ratisser un plus large électorat. Raisonnement de notre Président très intelligent et perspicace : supprimer le second Tour pour permettre à l'UMP de franches victoires profitant de l'éparpillement de la gauche.

Pourquoi dès lors, les chiens de Pavlov que sont les sénateurs Nouveau Centre (dont le chef, Hervé Morin est tout de même ministre de la Défense), ont ils osé voter contre le projet de loi ? Nul ne le sait. Dans les faits, c'est un amendement communiste qui est passé et cela grâce à un vote favorable de deux sénateurs NC. Le projet de loi est aujourd'hui sur une voie de garage : la présidente par intérim de séance du Sénat (sympathisante PS) lors du vote loupé a refusé de faire revoter l'amendement !

Au delà, e
n plein débat sur l'Identité Nationale, il serait temps que le Nouveau Centre trouve son Identité Électorale : roue de secours de l'UMP ou vraie alternative, force politique d'opposition ou simple courtisan, grandeur ou petitesse des idées. Toujours est-il que certains montrent les crocs !

Le Mammouth Déneigé.

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